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Les miettes des idées
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Les miettes des idées
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12 septembre 2011

Ici ou ailleurs

Encore un couple - mes anciens camarades à l'université - va émigrer à l'étranger. Depuis ces deux ans,  ce genre de nouvelle ne constitue plus de curiosité ou de surprise, mais évoque des félicitations unanimes. Les gens de nos âges y ont pensé ou y  pensent presque tous, au moins une fois pour une seconde. L'émigration alimente les conversations intimes ou publiques. Les plus âgés, quant à eux, renoncent à leur propre déplacement, mais préparent de tous leurs efforts à faire partir leur enfant, au moins pour qu'ils puissent étudier à l'étranger.

Or, par les moyens légitimes, seul les élites ou les riches peuvent réaliser ce rêve. Beaucoup craignent l'instabilité de la nouvelle vie et une baisse énorme du confort de la vie matérielle. C'est pourquoi mes amis, avant de partir, devant nos souhaits chaleureux, avaient tous un air très sérieux. Face à un futur incertain, ils se préparent mais n'en sont pas sûrs. L'ailleurs n'est pas paradis!  Mais tout le monde sait qu'il y aura, pour eux, d'autres choses qui méritent cette tentative. La plus importante, c'est le futur de l'enfant, y compris bien sûr son éducation.

Différente des anciens émigrés, cette génération ne pense plus, ou moins, à gagner beaucoup d'argent à l'étranger. On sait que de plus en plus d'étrangers, eux,viennent dans les grandes villes chinoises pour s'enrichir. Mes amis sont ceux qui gagnent déjà assez bien à Shanghai, ayant tous un apparement et un job stable, dont certains mènent même une vie très aisée. Or, ils sont lucides et voient plus loin. D'après leur aspiration idéale, l'argent ne fait pas le bonheur et que la stabilité n'assure rien.

"Si l'on n'est pas travailleux quand on est petit, on est condamné à demeurer chinois continental !" Une collègue a cité cette idée courante, qui a été transformée d'un proverbe chinois bien répété, "Peu d'efforts quand on est petit, beaucoup de chagrin quand on est vieux." Quelle satire pour tous! Beaucoup de femmes choisissent d'accoucher à Hongkong, juste pour que leur enfant soit né Hongkongais. Maintenant que les universités de Hongkong et celles de Taiwan ouvrent la porte aux étudiants de la Chine continentale, même les universités les plus prestigieuses ont soucis du recrutement de bons évlèves. Quelle méfiance vis-à-vis de l'éducation nationale !

Mais si l'on peut, si l'on a une petite chance de pouvoir changer la situation actuelle, qui préfère faire table rase du passé et recommencer une autre vie avec grands risques ? Ceux qui sont partis ont renoncé à attendre, car ils avaient attendu trop longtemps ! Le plus misérable est que les plus jeunes, eux, prévoient trop tôt l'inefficacité de tous efforts destinés à changer le monde et forment, depuis aussi trop longtemps, leurs rêves d'être ailleurs.

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