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Les miettes des idées
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Les miettes des idées
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6 octobre 2010

Civilités

Attention, il faut être très poli en France, surtout à Paris. Etourdie comme une bête, j'oublie toujours d'ajouter, à chaque demande, "s'il vous plaît", malgré un remède constitué en une répétition de "merci" maladroits.
Une fois, le directeur d'un centre de recherche m'a dit qu'il avait grand plaisr de me revoir, ce qui m'a mise dans un état joyeux mais sceptique.Un autre professeur répétait aussi ses plaisirs de me retrouver, pendant ma présence en France, etc. Comment? Je n'étais qu'une piètre étudiante.

Certains Français sont très courtois, en manifestant leur joie même avant l'échange du premier mot. La dame qui me reçoit dans le centre de documentation me pose toujours les mêmes questions "ça va?" "Vous avez passé une bonne semaine?", et ce dans un sourir enfleuri. Or, elle n'épargne pas son bruit assez étourdissant devant une fille travailleuse et plongée dans la lecture, qu'est moi! Stérille et impolie sont mes reflexes rapides à ses salutations:"oui", "très bien". J'ai rarement ajouté la contrepartie "et vous?", la trouvant assez étrange, car je ne m'intéresse point à sa santé, mais plutôt à ses humeurs, à la possibilité d'entendre combien de fois des déchirures de papier. De toute façon,même si je posais cette question, il y aurait aucune surprise de sa réponse. Mais à cause de cette honnêté d'indifférence, je suis certainement prise pour une barbare.
Un ami chinois m'a raconté son expérience de barbarie devant un Français civilisé. En montant dans un taxi, il dit tout de suite l'adresse. Le Français, étonné et un peu humilié peut-être, le corrige tout de suite: "il faut d'abord saluer Monsieur le chauffeur!"

Moi, j'ai été punie par ma façon désinvolte de m'adresser aux inconnus et ceci s'est passé en Chine, dans un endroit typiquement occidentalisé qu'est l'église. Il neigeait et j'étais peu couverte. Comme l'église semblait fermée et que le gardien s'endormait dans sa petite loge, j'ai dit, attention, pas "crié", au bonhomme;" Wei, peut-on entrer?" Plusieurs minuites après, le gardien a bougé ses pas et a ouvert la porte. "Entrez, Monsieur! et toi, dehors!" Presque choquée par sa parole, je lui ai jetté un regard interrogatoire. Après encore des minuites de silence orgueilleuse malgré mon facheux questionnement, il m'a répondu avec un grand mépris. "Je ne suis pas Wei!! Monsieur est croyant, et toi non!" Je ne suis pas croyante, d'accord, mais comment tu le sais? Par mes Wei?
Je n'ai pas continué à protester mon inoncence, car je n'avais pas besoin d'y entrer. Mais Monsieur le Français était non plus croyant!! Et mon cher gardien de la maison de charité, toi peut-être non plus! En laissant une fille frémir dans la pluie de neige, tu aurais été humilié d'être chritian. Est-ce que le Wei est un pêcher? J'en doute. Bien que ce mot ne soit pas classé dans le vocabulaire de la politesse, comme de nombreux mots d'appelation, il nous permet quotidiennement de nouer une communication.

Maintenant que je me force à penser toujours à ce côté d'agir plus poliment, je me trouve de plus en plus hypocrite, car souvent ces civilités sortent de ma bouche sans être passer par ma tête.
Le jour où j'ai accompagné mon mari à l'aéroport, le RER B était interrompu direction l'aéroport. Anxieux, on a dû d'abord aller vers l'autre destination Mitry, puis prendre une navette avant de prendre encore le train interne...Tout le monde était mécontent, d'autant plus qu' il fallait monter et descendre les escaliers étroits en basculant avec les bagages. En poussant les gens pour se précipiter dans la navette, on s'échangeait rarement de civilités et ni de salutation au chauffeur. Pourtant, les pleintes resssemblaient à des tonnerres continues tombées sans pitié sur le présent bouc emissaire du service public !! "Pourquoi on n'était pas informé à Chatelet?" "J'ai un gros problème!" "Comment vais-je à 2F?"
En descendant de la navette, j'ai gentiment souri au chauffeur, qui avait une mine aussi tragique que les autres. "Merci, Monsieur!" J'étais presque sûre que ce serait le seul remerciement qu'il recevrait de toute une voiture de passagers.
"Aurevoir, Madame." m'a-t-il répondu, mais j'étais déjà loin, multipliant mes pas pour rattraper le train interne.

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