le savoir-vivre à table

Ce midi, je sui allée déjeuner dans un café-restaurant chic près de chez moi. Comme les plats sont chers et l'atmosphère intime, il n'y a toujours pas beaucoup de monde. Je voulais y passer un moment paisible, seule, avec un livre, ofitant l'air conditionné et leur canapé bien confortable. Or, je suis revenue une demi-heure après, ayant avalé mon repas d'un coup.

La cause de la ruine de mon projet était deux filles, une petite de sept ans et une collégienne. Mes deux voisines jouaient aux jeux vidéo en poussant des cris épouvantables, tandis que leurs mères bavardaient en mangeant. A plusieurs reprises, je leur ai jetté des coups d'oeil farouches, et par politesse, une mère ordonnait de temps en temps, "Eh, les filles, doucement! Ne criez pas dans un lieu public !'' Cela n'a eu aucun effet, carles oreilles fermées, elles se plongaient dans un monde fictif.  Je ne pouvais pas me concentrer sur la lecture, et en attendant mes commandes, j'écoutais la conversation de ces deux mères.

Les sujets étaients banals, tels les cours d'été pour leur fille, les plaintes sur leurs caprices, les projets de courses lors du voyage prochain. ''Tu sais, ça vaut le coup, ce stage d'anglais, deux milles mots appris en trois mois!'' ''Et en patinage, elle a fait beaucoup de progrès et pourra gagner un prix à la fin." ''Il faut faire de la danse, la belle ligne et l'élégance, c'est essentiel pour les filles."...

Mon agoisse agrandissait au fur et à mesure. Avoir une fille, quelle horreur! Il faut non seulement subir ses cris aigus, mais aussi prévoir une dépense extravagante sur son développement artistique, sans parler son développement intellectuel.

Les deux filles ne mangeaient pas et ce qui n'inquiétait point ces mères. De nos jours, se nourrir n'est plus une question. Avec tous ces allimets dit "fortifiants", tous ces fruits importés riches en vitamines, tous les amuse-gueule saints, on a droit à sauter les repas. D'ailleurs, une fille ne devrait pas manger comme un cochon dans un tel endroit. "Bébé, je te commande un plateau de fruits, d'accord?" a proposé une mère. "Des fraises!'' La petite fille a enfin levé la tête. "Mais ils n'en ont pas ici, à cette saison.''Plus de réponse, mais encore et encore des rires piquants.