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Les miettes des idées
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Les miettes des idées
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14 novembre 2011

Une opération comme ou pas comme les autres

Le 2 novembre 2011, c'était le jour J de l'année, jour de la naissance de ma fille. Il pleuvait très fort, la première pluie depuis le mi-octobre. Or, ma vie était ensoleillée et le monde dehors est devenu minime devant mon mini-bébé.

La veille, on m'a demandé de ne pas prendre le petit-déjeuner pour favorier l'opération. Je me suis alors réveillée avec mal à l'estomac, car mon dernier dîner était pris à six heures du soir. Je devais passer encore une autre surveillance de battement de coeur et ce que je n'attendais pas, c'est que cette surveillance durait si longtemps - 2h30 ! Pour la première heure, on m'a dit que mon bébé était peut-être endormi et qu'il n'avait pas bougé. Pour la deuxième heure, les médecins se sont changés de poste et personne n'est venu nous voir, et enfin pour la dernière demi-heure, les nouveaux médecins au poste faisaient leur visite matinale ensemble et quand ils sont passés chez nous, je n'en étais plus et un peu en colère. Enfin, j'ai pu changer de position et me lever pour aller aux toilettes.

Je n'avais pas fini mon pipi, lors que quelqu'un m'a appelée avec un ton très pressé. J'ai presque couru vers le bureau des infirmières où j'ai été informée qu'on allait tout de suite m'opérer.

"Ton mari est dehors?"

"Non, mais peut-être en route."

"Comment? Vite, vite, appelle-le et il doit signer des papiers!"

"Il ne savait pas que je serais la première..."

"Tu remplis d'abord ces documents, range tes affaires, vide le lit, et tout cela doit être fait très vite!"

Alors, je suis tombée dans le désordre. Etant restée au lit trop longtemps, j'avais mal aussi à la tête. En faisant mes efforts d'être lucide, j'ai vite rangé toutes mes affaires dans un grand sac. Heureusement, mon mari est arrivé tout de suite et je titubais en me dirigeant vers lui. Seul deux paroles échangées, j'ai entendu encore un appel précipité et ai couru vers l'infirmière.

On m'a fait signer des papiers sans me laisser le temps de les lire. D'ailleurs, je n'en avais pas envie.

J'ai vite été installée dans la salle d'accouchement pour faire des préparatifs, tels la désinfectation, l'installation d'un tuyau d'urtère... cinq minutes plus tard, j'ai été transférée dans la salle d'opération où il n'y avait que deux jeunes femmes qui attendaient. 

C'était ma première fois de voir une salle d'oparation en réalité, mais elle ressemblait à toutes les salles d'opération vues à la télé, surtout la couleur des draps, un bleu qui tranquillise.

Une jeune fille m'a expliqué les effets de la piqure anesthésique avant son injection. J'avais su que cela causerait une douleur aiguë. Or, tout semblait tolérable et tout de suite, mes jambes ne pouvaient plus bouger. A ce moment-là, la grande porte est ouverte et malgré ma grande volonté de connaître les opérateurs, je ne voyais que le plafond. Par leur voix, j'ai reconnu le jeune homme et à son côté, c'était une jeune femme qui était certainement responsable de l'opération, car elle parlait le plus.Personne ne m'a signalé le commencement de l'opération et tout allait très vite...

"Vous voyez, c'est l'utérus, avec les deux ovaires...voici les tromps de venturi..." La jeune femme avait une voix assez jolie. 

Mais, comment ? A qui parlait-elle ?

Voilà, c'était un cours de démonstration et j'en étais de plus en plus convincue. En effet, il y avait une dizaine d'étudiants à côté !

Ma tête était vide et je n'avais rien à protester, car je suis moi-même professeur et je comprenais cette nécessité de rendre une opération démonstrative. Une minute de tension s'est dissipée et j'ai commencé même à apprécier cette procédure, car elle m'a donné, ainsi par son explication, des indices.

Cinq minutes plus tard - d'après le calcul de mon mari, le bébé est sorti de mon ventre. Or, quand je n'avais pas fini de m'exciter, la jeune femme a dit avec un ton sérieux, "le liquide amniotique est pollué, degré II...Mais le bébé est assez propre...".A ces mots, mon coeur se battait trop fort, pourvu que mon bébé aille bien.

Je ne pouvais rien voir, mais l'envie de me lever et le voir grandissait. Lors que j'ai voulu savoir le sex du bébé, mon opératrice m'a provoqué un autre choque : qu'il y avait une hyperplasie sur un de mes ovaires. Elle n'a pas demandé mon avis avant de prendre la décision : l'enveler et l'envoyer pour un test médical !

Ce serait peut-être une grande chance pour moi, car la découverte était déjà pas trop tard. Je n'avais pas le temps d'y réfléchir et toute mon attention était tournée vers le bébé. On était en train de le laver, je croyais. Elle pleurait fort! Qu'elle avait de la force ! Enfin, on me l'a apportée et m'a montré son sex : c'était une fille. Je n'avais que quelques secondes pour la voir et on l'a sortie de la salle d'opération. Je n'ai même pas vu clairement son visage.

Une fille ! Bien que j'y aie pensé de nombreuses fois pendant ma grossesse, c'était après tout une surprise et je n'en étais pas prête.

Le reste de l'opération me paraissait trop longtemps, et la jeune femme continuait à expliquer la couture de mon ventre. Une douleur me manipulait, comme si tout mon ventre était tendu et trop dur à tirer. Je m'étouffais mais une fille m'a rassurée que c'était la contraction de mon utérus, ce qui était bon signe.

Je comptais des minutes, mais l'opération n'en finissait pas.

"Notre métier est non seulement médical, mais aussi esthétique, alors il faut rendre la cicatrice assez présentable..."La jeune femme continuait son cours et le silence se gardait chez les étudiants. Une autre femme a rigolé sur le surplus du gras de mon ventre, qu'elle s'était trompée en pensant que j'étais assez maigre.

Les infirmières ont compté les couteaux pour la deuxième fois et enfin, les gens sont sortis l'un après l'autre et moi, j'ai été annoncée que dans quelques minutes, je serait transportée vers l'étage en haut. S'il s'agit d'un accouchement naturel, la nouvelle maman doit rester encore deux heures sous surveillance et moi, je serais libre et rejointe par ma famille.

Quand mon lit roulant s'est arrêté devant le bureau des gynécos, mon opératrice est passée me dire que j'avais eu deux opérations et d'après-elle, cette hyperplasie n'était pas nocive et qu'elle avait l'air d'une calcification. J'ai vite lui demandé si le bébé allait bien. "Aucune idée, il faut l'examiner et on va vous le dire!" Alors, je ne faisais que prier, au fond du coeur, avec toute mon âme.

A la porte d'entrée, mon mari et mes beaux parents m'ont saluée, tous très émus. Mais je n'avais aucune envie de pleurer, car mon bébé est né et elle allait tout bien, j'en étais sûre, et il n'y avait aucune raison de pleurer.

C'était vrai...Pendant tout le séjour de mon hospitalisation, malgré les douleurs postérieures, je n'ai pas fait couler une seule larme.

 

 

 

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