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Les miettes des idées
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Les miettes des idées
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31 mars 2016

Un peu de patience malgré tout

    Après avoir mis Claire dans sa classe, je me suis dirigée, comme d'habitude, vers la petite salle des réfrégirateurs pour y mettre son sac de déjeuner. Une maman et son fils se pressaient les pas vers la même salle. Il avait peut-être deux ans, l'aîr encore innocent, mais tenait déjà son sac par lui-même. La mère ne cessait de regarder sa montre et se disait qu'elle serait en retard. M'ayant vue, elle m'a demandé d'avancer pour mettre le sac la première. Je l'ai fait. Tenant le poignet du frigo, je pensais laisser le petit faire son geste. « Vas-y!»  lui a encouragé la mère. Le petit a bien sûr accompli l'acte lentement, pendant que la mère gardait quelques soucis au visage. Je l'ai comprise très bien, à ce moment.

    Chaque matin, c'est une bataille pour les parents. Le temps file toujours trop vite et on doit répéter les mêmes mots: vite, vite vite...Les enfants sont les plus paresseux le matin. Claire ne veut toujours pas se lever tôt et prend son petit-déjeuner avec une lenteur insupportable. Quelquefois, pour être à l'heure, elle n'a pas le temps pour se brosser les dents et je n'ai pas de temps pour mettre du soin sur son visage. Sans parler des journées pires où elle demande d'abord à dessiner ou à regarder un peu la télé avant son repas. Le désaccord  entre nous cause quelquefois des pleurs. Matinée ruinée. En Amérique, il faut en plus préparer le déjeuner pour les petits. Comme Claire n'aime pas les choses froides, je dois me lever très tôt pour cuisiner au moins un plat et préparer du riz sauté. Pour l'instant, comme je ne travaille pas encore, je peux encore supporter cet désordre matinal. j'arrive à l'école souvent avec une toilette minimale. Mais cette femme, en jolie robe et avec des cheveux bien arrangés, doît travailler dans un lieu assez chic. Le retard peut y être intolérable.

    «Si j'étais elle, j'aurais aimé mettre le sac au frigo moi-même, ce qui économinerait plus de deux minutes.» Me disais-je. C'est pourquoi j'accompagne d'abord ma fille dans sa classe avant d'aller aux frigos. «Good job!» Elle n'a pas oublié de commenter le petit acte héroïque de son fils avant de me signaler un remerciement et un aurevoir.

    En sortant de l'école, j'ai eu soudain une admiration forte envers cette maman. C'est vrai qu'on manque souvent du temps et qu'on ne tolère pas le temps facilement perdu. La lenteur des enfants sont souvent pour nous une casse-tête. Mais malgré tout, cette maman a réservé du temps pour son fils, un temps précieux où le petit apprend à s'autonomiser, à acquérir des savoir-faire. Mettre son sac au frigo, c'est un acte tellement banal et simple. Mais pour ce petit corps, c'est aussi une tâche importante.

   Grandir est lent. Apprendre est aussi lent.

   Merci à cette femme. Chaque jour, j'apprends lentement. Maintenant que j'ai du temps, j'apprends d'abord à attendre, à patienter, à apprécier chaque petit progrès dans la lenteur, de la part de Claire et aussi de moi-même.

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