la bonté

J'ai fait une bonne chose et j'en suis excitée et je ne comprends pas cette naïvté.
C'est comme une enfant qui a découvert une sensation sublime en rendant le premier service aux autres.
Quand j'étais à l'école, chaque jour, le maître répétait: "il faudrait faire au moins une bonne chose par jour". Nous avions un cahier dans lequel s'inscrivait ce qu'on faisait comme du bien, tels ramasser une pièce d'un centime, prêter qch à qn etc. Les écoliers étaient contents, vraiment, et s'en faisaient même un concours.
Au fur et à mesure, je perds la sensibilité attachée à si peu de chose, bien que je continue à aider les autres, d'une façon naturelle.
Ce soir, je savais pas pourquoi j'étais ravie. C'était pourtant de ma part un petit service qui me demandait rien. L'homme qui en a bénéficié l'oubilierait vite!
Est-ce que je suis fière, fière d'aider un étranger, étant moi-même une étrangère, dans un tiers pays?
Est-ce que je suis orgueilleuse, d'avoir remplacé les Français, qui auraient montré leur hospitalité.
Est-ce que je suis simplement enfantine, de croire que tout ce bien me récompensera un jour et d'une façon magique?
Je suis pas si bonne que cela n'apparaîsse, car je reste indifférente aux mendiants dans la rue et je ne donne pas de pièces aux chanteurs dans le métro.
J'en sais rien, mais la seule chose dont je suis sûre est qu'un petit geste peut rendre beaucoup de gens heureux, même si ce qui ne durait qu' un petit instant.