Il faut publier!

En dépit de ma répugnance, je suis enfin gangnée par la démence nationale universitaire : il faut publier!

Je reconnais le devoir d'être chercheuse, d'autant plus que je dois avoir publié au moins trois articles dans les revues universitaires afin d'obtenir le doctorat. Or, il existe moins de dix revues consacrées à la recherche de la littérature étrangère, dont la plupart ne publient que quatre volumes par an, et ce pour toute la Chine, c'est-à-dire des miliers de doctorants es lettres. A part ces revues, chaque grande université rédige un jounal dit "universitaire", qui favorise surtout les écrits des professeurs renommés. Si on n'y a pas d'espoir d'attente, on a encore des revues dites "pluridisciplinaires", qui sont fondées, hélas, par des accadémies des sciences sociales de chaque province, qui veut dire "des institutions officielles". Feuilltant leur contenu, on connaît vite leur idée éditoriale orthodoxe. 

La recherche est un vrai plaisir et l'écriture doit en être aussi un. Or, écrire correctement est une peine à subir. Ecrire en prévoyant les avis des éditeurs est un supplice. Mais je garde un petit espoir, imaginant que par hasard, un jour, sans lire d'abord mon profil, qui indique que je ne suis pas professeur titulaire mais une piètre doctorante, sans mesurer la longueur de ma bibliographie, sans véréfier la conformité de mes notes en bas de pages, un rédacteur parcourt mon article avec un oeil tolérant et finit par un sourir d'étonnement.

Or, quand je lis moi-même mon article corrigé longuement et attentivement, et finalement rempli de 'jargon" littéraire, je me vois humiliée par mes maunuscrits, masacrés par le stylo rouge mais demurent innocents, palpitants et sincèrement joyeux.