Une fille à dorloter

- Que ta fille est gâtée ! En effet, c'est une citadine, surtout une Shanghaïenne ! 

Voici le commentaire typique, autrement dit le reproche général, que j'ai reçu lors de mes visites chez mes parents et amis dans mon bourg natal. Ayant élevé leur enfant avec peu d'efforts, ils ne pouvaient pas comprendre mes plaintes de fatigue.

- Laisse - la pleurer et quand elle sera fatiguée, elle dormira !

- N'agis pas si doucement ! Fais du bruit pour qu'elle s'y habitue.Si non, elle se réveillera facilement !

- Ce n'est pas la peine de la laver tous les jours, elle n'est pas sale !

- Ne prends pas au sérieux de ses pomettes, ni de ses larmes. Tout est normal !

Je les écoutais, en admirant leur sérénité. Or, j'ai du mal à ne pas agir aux premiers cris de mon bébé et je continue à me lever presque tous les deux heures pour voir si elle dormait bien, ou si la couverture est déplacée. Je continue à la balancer en marchant jusqu'à ce qu'elle dorme à poing fermé. Je continue à la laver tous les jours et à changer fréquemment ses couches.

J'ai peut-être tord. Je ne veux pas gâter ma fille, mais je veux la dorloter.

Quand j'étais bébé, mes parents n'avaient pas beaucoup de temps à me consacrer. Me couchant dans une chambre au premier étage de leur boutique, j'ai grandi en contemplant une lampe jaune. Personne n'a réagi à mes pleurs et souvent, je dormais avec des larmes qui stagnaient sur mes joues. Et aujourd'hui,j'ai tout oublié.Mais quand mes parents me racontaient cela, j'avais envie de pleurer.

Ma fille, comme tous les bébés, oublierait tous mes soins actuels, mais au moins,j'aurais l'âme tranquille.