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Les miettes des idées
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Les miettes des idées
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24 juin 2011

le bonheur d'être initiatrice

Etant la plus jeune des enseigants dans le département, je me charge naturellement des cours dits "les plus faciles", c'est-à-dire ceux de la première année. A plusieurs reprises, je me plains de cette tâche, lourde mais peu appréciée, car répéter tous les jours les phrases simples me rendrait, en compétences linguistiques, aussi débutante qu'eux, et que pour ma carrière de recherche, cette partie de ma carrière ne m'apporterait aucune valeur ajoutée. J'envie ceux qui peuvent faire leur recherche et partager les découvertes avec leurs étudiants. Or, devant les débutants, comment puis-je démontrer la beauté et la subtilité de mes auteurs préférés?

Cependant, 4 ans se sont écoulés où je me réjouis de ces heures passées avec les "enfants". Je les reproche quelques fois d'être si naïfs, si obéïssants et peu créatifs. Mais c'est aussi ce côté "bon enfant" qui me touche, car ils sont sincères, pures et sérieux comme un papier vierge. Les collègues se sont souvent pleint de l'indiscipline des étudiants, citant leur absence en cours, leur désinvolture, leur révolte. Chaque fois je les écoute, je me fécilite: ''heureusement, je les ai en première année où ils sont vraiement sages!''

J'ai mis beaucoup de temps, presque tous mes efforts pour trouver une bonne méthode d'enseignement, pour qu'ils apprennent bien dès le départ, au moins d'avoir une base solide. Ainsi, aux yeux de certains, je ne suis pas une personne agréable, car je déteste le gaspillage du temps, et que je laisse souvent trop de devoirs à faire, et que je les critique sans réserve lors qu'ils ont commis des fautes graves. Néanmoins, comparée avec un autre enseignant bien autoritaire, je garde quand même une image assez maternelle et amicale.

Qu'ils sont jeunes! Alors chaque fois je leur dis ''au revoir'', j'ai des sentiments mitigés, tandis qu'ils n'expriment rien, ni remerciements, ni regrets, ni soulagement. Quand ils grandissent, ils apprendront comment faire plaisir aux autres, par parole ou acte. A chaque fin de l'année, je me préparais un petit discours pour finir le cours, dont le contenu concerne certainement les souhaits de coeur. Mais chaque fois, je ne l'ai pas prononcé, faute de courage. Je ne suis pas habitué à des séparations, malgré le calme sur le visage.

La classe qui a témoigné de mon début de carrière va être diplômée. A leur soutenance de mémoire, je tenais à être présente jusqu'à la fin, lors que beaucoup de collègues sont partis l'un après l'autre. Je n'ai eu un grand mal à former mes voeux, car à ce moment-là, ma tête a eu tout d'un cop une mailaise, devenue vide. J'avais devant moi deux fills dont les yeux commençaient à rougir, et à ma gauche, une petite voix qui disait ''j'ai failli de pleurer...'' En fait, personne n'a pleuré, mais c'est moi qui ai failli de pleurer. Après la photo, je me suis enfuie, ayant peur de rester sans pouvoir conrôler mes sentiments.

Les collègues disent souvent que c'est une des plus mauvaises classes. C'est vrai. Il semble que c'est aux enseignants de la première année qui doivent prendre la responsabilité de leur performance durant tous les quatre ans. "L'initiateur n'a pas fait un bon travail!'' Je me sens honteuses et  coupable, mais à la fois furieuse. D'être initiateur n'est pas facile et ce travail ne peut pas assumer tout le déroulement de leur apprentissage. Tant pis! 

Je me dis que tôt ou tard, ce travail me fatigue et m'ennuie. Mais cette pensée ne m'est jamais tombée lors devant ces visages curieux et affamés qui sont la classe de la première année.

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