une communication muette

Je serais jalouse si mon mari, actuellement en voyage de mission aux Etats-Unis, continuait à saluer d'abord le bébé, par téléphone et par chat. Or, celui-ci, étant encore dans mon ventre, ne peut ni entendre ni répondre. Pourtant, il y a des fois, lors le ''hello'' lui est adressé, je me sens tout de suite heurtéé légèrement par ses petits pieds. Que c'est magique! Mon mari devient alors très joyeux, déclarant que leur coeur se lie et se répond, par une communication muette.

Peut-être dû à mes deux fausses couches qui lui ont fait horreur, mon mari manifeste, cette fois, ses soins abondants voire excessifs concernant le développement de notre bébé. Dès le début de ma grossesse, il me réitère les consignes à respecter et vérifie tous les soirs les symptômes que je dois avoir. A force d'examiner chaque jour la forme de mon ventre, il ne distingue pas le changement lent et subtil, se fait des doutes et ne peut se débarasser d'une inquiétude qui est à mes yeux inutile. Il insiste à m'accompagner pour chaque visite médicale et se hâte à consulter la gynéco pour savoir si tout est normal, bien que cela lui fasse demander congé et attendre des heures hors la cabine.

Avant son voyage, malgré l'impossibilité d'entendre le battement de coeur du bébé, il insistait à essayer de l'écouter, une oreille sur mon ventre. Je me moquais de cet acte têtu, mais applaudissais en cachette son fou amour paternel, qui était adorable. Chaque soir, je lui déconseillais ''laisse tomber, il faut attendre jusqu'à la 32e semaine! C'est encore tôt!'' Mais il répétait son acte sans m'écouter et une minute après, la tête relevée, il se murmurait sans déception:''toujours rien.''

Petit à petit, j'ai enfin commencé à sentir le bébé bouger, d'une façon très légère. Mais durant la journée, cette sensation n'était pas très forte et je doutais que cela s'agisse plutôt des activités de mes intestins. Le soir, mon mari suivait sa routine, et deux secondes après, il poussait un cri étonné pour dire que le petit l'avait heurté. Je devinais que le bébé répugnait sa compression et avait réagi, tandis que il était heureux d'avoir communiqué avec son petit.

Maintenant loin de nous, il doit penser fort à ce petit jeu et ne cesse de me demander si le bébé bouge encore, si le soir il continue à attendre la salutation de son père. Sous la demande répétée, j'ai pressé fort mon ventre afin d'avoir une réaction, mais bizarrement, le bébé n'y a pas répondu. Alors mon mari a eu une grande envie de sauter dans le prochain vol pour rentrer!