Rendre compte du compte-rendu

Grâce à la floraison des échanges universitaires, mes étudiants peuvent écouter, pendant ce semestre, plusieurs conférences données par des Franças ou des Belges, portant sur des sujets divers. Je dois préciser que c'est seulement une petite minorité qui s'y intéressent, la plupart étant obligés d'être présents sans espérer d'y tirer quelque chose.

Pour remplir la salle de conférence, la direction a décidé de faire appel aux premières années, nombreuses et plus disciplinés, tout en doutant leur capacité de comprendre, vu que leur compétence linguistique n'est pas suffisante. Démunie d'autres solutions, j'ai essayé de les motiver pour que ces conférences ne puissent pas leur constituer une peine, ni une déception.

Je les assurais en disant que c'est nomal de ne pas tout comprendre et que les images, les ppt, les explications au tableau peuvent les aider. D'ailleurs, ils ont tous un dictionnaire électrique sous la main.

La première conférence a eu lieu avec un public "nombreux et chaleureux". Or, le thème a rendu les premières années presque désepérés : l'art ! D'ailleurs, ce n'est pas de l'appréciation des oeuvres d'art, mais une histoire d'évolution des outils d'art, surtout dans le domaine de la structure, qui reste presque pour tous la plus étrange.

A la sortie, j'ai vu des têtes frustrées. Une idée de réparation m'est venue afin de sauver leur intrérêt et ma mauvaise foi. J'ai vite rédigé un compte-rendu de cette conférence et le leur a envoyé. Dans ce petite texte écrit en chinois, j'ai résumé le contenu de la conférence, ai répété les explications de certaines oeuvres d'art, ajoutant aussi mes propres compréhensions et réflexions. Cela a fait une page entière.

Je ne connaîs pas les réactions des étudiants envers ce pis-aller. Pourtant, je me suis aperçue que ce compte rendu m'était aussi important et enrichissant. D'habitude, j'allais aux conférences seulement avec un cahier à gribouiller, une tête tranquille à animer, un plaisir d'apprendre. Je rentrais avec des étincellements de réflexions, des savoirs à ruminer, des appétits à satisfaire plus tard. Or, le lendemain, je laisse de côté le cahier et retourne à la routine.

Le compte rendu, moins redondant que la transcription, plus détaillé que le résumé, me sert bien, non seulement pour la mémoire, mais aussi pour l'éclaircissement de ma compréhension et l'absorption plus efficace de ce que j'ai à apprendre.

Hélas, toute cette méthologie n'est pas fixée dans notre programme d'études universitaires. Mais dorénavant, j'accompagne les premières années à rédiger des compte-rendu, d'abord ceux des conférences !